POPONGUINE INFO – LE PORT DE NDAYANE
DEUXIÉME PARTIE.
Suite à notre premier article sur le Port du Futur à Ndayane et l’intérêt que nos lecteurs ont manifesté, nous allons voir sur ce deuxième numéro, les craintes des populations directement impactées.
Il n’est pas responsable de s’opposer à des projets de l’Etat qui vont offrir aux populations de meilleures conditions de vie, mais il est également légitime que les craintes soient exprimées.
Le port de Ndayane a certes des avantages mais aussi des impacts directs et indirects sur les secteurs d’activités : la pêche artisanale, le tourisme, la culture, l’agriculture, le foncier et l’environnement.
Les populations de la commune de Popenguine-Ndayane veulent que l’État tienne compte de l’avenir de leurs enfants.
Elles ont des interrogations et des craintes.
Les craintes sur la pêche artisanale :
Ndayane est un village traditionnel de pêcheurs «LEBOUS». Ici la pêche est un métier, un héritage.
L’économie maritime comprend tous les secteurs d’activité liés à la mer comme le tourisme, les produits de la mer, le transport maritime et la sécurité maritime.
Dans le cadre du SDAU, plusieurs équipements majeurs sont programmés dont une industrie de transformation des produits halieutiques et un équipement portuaire. Ces équipements sont essentiellement tourné vers : les activités de pêche, les activités de transport maritime, les activités touristiques (port de plaisance).
De Toubab Dialaw à Ndayane, le port prendra 3 km du littoral. L’activité portuaire va ralentir voir même tuer la pêche artisanale qui est la première source de revenu de la localité. Avec ses 300 pirogues motorisées dont la plupart sont basées entre Joal et Djifère, le port à conteneurs risque d’accentuer ce déplacement, cet exode. Les femmes qui travaillent sur la transformation des produits halieutiques vont voir leurs projets tomber à l’eau.
Les eaux froides qui remontent des grands fonds marins sont très riches en sels minéraux, ce qui favorise un milieu propice à la vie marine. Ce pendant, la zone de Poponguine, avec ses rochers, est reconnue être un site de reproduction. La pollution sonore due aux mouvements des gros navires, entrainera la fuite des juvéniles.
Les pêcheurs n’ont pas encore trouvé des réponses à ces questions.
Les craintes environnementales :
Selon les spécialistes, le drainage se fera sur une profondeur de 18 m sur 1km de long, ce qui peut provoquer le changement des courants et la remontée des eaux.
Notons que Ndayane est en dessous du niveau de la mer, l’érosion côtière et les inondations menacent les quartiers de Tilène, Keuri Kao et les belles plages de Thioupam à la lagune de la Somone.
La pollution va influer sur la qualité de l’air, des prélèvements se font actuellement sur le site. A cela s’ajoute prés de 1000 camions qui devront circuler régulièrement pour amener les matériaux de construction.
Le port se trouve sur un site arboré très dense est composée de nebeb, bokh, rène, nar ndoun, aay, soob, kaad et baan. Ces arbres qui sont la base de la pharmacopée, deviendront introuvables.
A cela s’ajoute prés de 1000 camions qui devront circuler régulièrement pour amener les matériaux de construction.
Les craintes pour le tourisme :
La beauté du site côtier, la baignade, la navigation de plaisance, la pêche sportive, constituent des thèmes largement développés dans les documents publicitaires et montrent le rôle essentiel de la mer dans les facteurs géographiques de localisation du tourisme. Les températures généralement élevées des masses d’eau tropicales rendent favorables les pratiques balnéaires.
Les hôtels : Fleur de Lys, , Iris, La Pierre de Lisse, Guédiou Ndayane, Terre d’Afrique qui sont les plus proches de l’AIBD, seront rayés de la carte touristique du Sénégal. Des centaines de travailleurs vont perdre leurs emplois. Les artisanes, les maraichers et les pêcheurs perdront un marché très important. L’école de danse africaine de renommée internationale, Ecoles des Sables va disparaître.
Monsieur Babacar Mbengue, propriétaire de La Pierre de Lisse se désole « j’ai quitté la France pour venir travailler dans mon pays. Je me suis sacrifié pendant 26 ans pour que cet hôtel arrive à son apogée. Doubaï construit des hôtels de dernière génération de puis quelques années et est devenu une destination de choix. Nous, au Sénégal nous allons détruire le tourisme sur la petite côte. Avec le port je vais tout perdre. Jusqu’au moment que je parle, aucune autorité n’a pris contact avec moi officiellement».
Dans la troisième partie, nous développerons les craintes des populations sur les impacts du port sur l’assiette foncière de la commune.
ALASSANE FAYE